Evolution des salaires depuis 10 ans en France et aux US
En 2012 Facebook donnait publiquement ces grilles de salaires et j’en faisais un billet pour comparer avec la France.
Si aujourd'hui ce type d’information est bien plus simple à trouver, cette transparence était une petite révolution à l’époque. Désormais, pour de nombreuses Big Tech (les entreprises US dominantes de la tech), les grilles sont diffusées sur levels.fyi.
Ce site vous permet également de saisir vos revenus et d’avoir une très grande base de données mondiale qui se construit par ses utilisateurs.
On va en profiter pour voir comment ont évolué ces salaires sur les 10 dernières années en France et aux US.
Warning
L'objectif ici n'est pas de comparer les salaires entre les deux pays, mais de voir comment ils ont évolué.
Dans un second billet, on ira un peu plus loin pour comparer les salaires, mais cette fois en parlant de niveaux de vie et de pouvoir d’achat. Et vous serez peut-être surpris du résultat.
Mais d’abord, on va poser quelques bases.
Le principe de compensation totale versus le salaire
Aux US comme en France, le salaire ne correspond pas aux revenus complets.
Simplifions et disons que :
Revenus = Salaire + prime(s) + actions/stocks/bspce + benefits
- Les salaires
C’est la partie la plus simple, c’est ce qui apparaît sur la fiche de paie. Si on regarde le site levels.fyi, plus on monte dans les postes, plus la part en salaire diminue par rapport aux revenus totaux. C’est un peu moins vrai en France, le salaire reste souvent la part la plus importante des revenus.
- Les primes et bonus
Je ne vais pas m'attarder sur la différence entre primes et bonus. Ces primes peuvent être liées à l'atteinte d’objectifs personnels ou à de bons résultats de l’entreprise. Aux US comme en France, ces primes lorsqu’elles sont mises en place ne représentent pas une grande part des revenus.
On l'inclut dans le salaire même si elle peut varier d’année en année.
En France on a aussi les mécanismes de participation et d’intéressement qui permettent de toucher une part des bénéfices de l’entreprise et parfois de les placer sur des dispositifs d’épargne salariale (PEE, PERCO etc…) Pour l’exercice on les inclura dans les primes, même si c’est bien plus intéressant que du salaire brut.
- Les actions/stocks/bspce
Il existe de nombreux mécanismes un peu similaires. On va distinguer deux d’entre eux :
- l’attribution de parts de l’entreprise (RSU). Ici le principe est simple, on vous fournit directement des parts et vous pouvez les vendre immédiatement ou attendre en espérant que la valeur monte.
- les options d’achat (exemple : bspce), c’est la possibilité d’acheter des parts à un prix fixé à l’avance (le prix d’émission). L’employé fera un bénéfice si ce prix d’émission est inférieur au prix du marché au moment de l’opération.
Je passe sur l’abondement qui est une autre forme d’attribution de parts.
Les Startups et Scaleups vont plus souvent utiliser des options d’achat (stocks/bspce). C’est un mécanisme plus incertain, mais adapté pour des entreprises sans fortes liquidités. Les entreprises plus établies vont plus fréquemment utiliser des mécanismes d’attributions d’actions ou d’abondement.
- Les benefits et perks
En France on parlera d'avantages sociaux (complémentaires santé, congés payés etc…) ou avantages en natures (voiture, téléphone, repas gratuit)
Si ces avantages ne correspondent pas à une somme d’argent, ils peuvent être très avantageux et compenser largement un salaire plus faible.
Pour ce premier billet, nous nous intéresserons uniquement au salaire, car le reste n’est pas accessible sur la plupart des sources en ligne (excepté levels.fyi). Mais attention, surtout aux US, les stocks et benefits peuvent faire doubler, voire tripler le salaire.
Par exemple, prenons l’échelle de Junior à Principal Engineer de chez Google et voyons comment évolue la part du salaire par rapport aux revenus :
On note que la proportion du salaire (la part bleue) sur les revenus totaux diminue avec le niveau. Et que la part des stocks (la part orange) augmente avec le niveau. Le salaire ne représente même pas la moitié des revenus à partir de L6.
En France, toujours selon levels.fyi à Paris c’est très rare d’avoir des stocks annuels qui représentent plus de 20% des revenus. La grande majorité semble avoir des stocks pour moins de 10k annuels.
Introduction sur les comparaisons
Plusieurs choses à savoir.
Nous utiliserons la médiane des salaires plutôt que la moyenne lorsque celle-ci est disponible.
Nous essaierons, surtout en 2023, de comparer de Junior à Staff Engineer. Autrement dit, nous exclurons de la comparaison au-dessus de Staff, donc Senior Staff, Principal, Distinguished et Fellow.
Je le redirais plusieurs fois dans la suite, mais attention car nous comparerons les salaires et pas les revenus totaux. Pour autant la part de stocks aux US est significative. Il faut le garder en tête.
Et enfin, vraiment, attendez le second billet avant de regarder uniquement le montant. Quand nous comparerons les niveaux de vies nous verrons véritablement si gagner deux ou trois fois plus est si confortable que ça. Sur ce billet, ce qu’on veut comparer c’est l’évolution des salaires, pas les salaires en eux-mêmes.
Les compensations aux US entre 2012 et 2023
2012
On va reprendre le billet de l’époque et notamment l’article de businessinsider, pour Facebook et en considérant que toutes les Big Tech ont des grilles très proches (c’est faux).
Toujours du même billet on va prendre le salaire médian dans la tech, tout types d’entreprises confondues.
On obtient ceci en 2012
Attention, ici nous n’avions que les salaires, pas le revenu total. L’usage d’attribution d’actions est très utilisé aux US et il y a de fortes chances que les revenus de l’époque soient plus importants, significativement.
2023
En 2023 nous avons plus de sources de données et cela va encore s’améliorer avec la loi sur la transparence des salaires.
Nous pouvons utiliser :
Ce qui nous donne :
Warning
On note des différences assez significatives en fonction des sites, notamment du côté de levels.fyi. Il est possible que les Big Tech ne postulent pas beaucoup sur indeed, d'où le manque de données. Il est possible à l’inverse que les Big Tech soient sur-représentés sur levels.fyi.
À noter aussi qu’en fonction de la formulation utilisée : Senior, Entry level, Software engineer en précisant le nombre d’années d’expériences, on obtient des résultats assez variables sur certaines sources.
Pour la suite, je vais conserver les valeurs suivantes en pondérant les résultats trouvés par ma compréhension du marché. Connaissant moins bien le marché US, si vous y travaillez, n’hésitez pas à me corriger.
Si on s’intéresse uniquement à Facebook qui était notre étalon en 2012, voici sa grille en 2023 aux US (à Menlo Park).
Cette fois-ci ce sont les revenus totaux qui sont affichés. Le salaire est indiqué dans la colonne “Base” et on tombe sur quelque chose d’assez proche de ce que fournit levels.fyi pour la région de San Francisco. Ce qui montre terriblement bien l’importance de regarder les revenus totaux, car les stocks sont très significatifs.
Warning
Je le dis plus haut, nous nous arrêterons à l’analyse de Junior a Staff, de E3 à E6. L’atteinte du niveau Staff est déjà un très bon accomplissement, mais atteindre les niveaux Principal, Distinguished ou Fellow dans des Big Tech reflète un parcours incroyable. Cela touche très peu de personnes, donc ne considérez pas comme acquis que de nombreuses personnes sont capables de toucher ce type de revenus aux US. La grande majorité des personnes se situent entre E3 et E6.
Evolution sur 10 ans
Si on se base sur nos données plus haut, on obtient une évolution salariale comme suit
Si on regarde en pourcentage d'évolution :
On pourrait penser que les salaires du marché rattrapent les salaires des Big Tech. Cependant, les BigTech paient en grande partie en stocks, stocks qui ont explosé sur les 10 dernières années. Il faudrait comparer les revenus totaux pour avoir une idée plus précise.
Ces calculs ont de nombreux biais,
- j’ai “choisi” une valeur qui me semblait significative pour chaque catégorie
- j’ai choisi Facebook pour représenter les Big Tech. Ce n’est pas l’entreprise qui paie le plus, mais celle dont j’avais les données en 2012.
- j’ai exclu les niveaux les plus hauts de facebook qui n’étaient sans doute pas listés en 2012. Les niveaux E7 et + sont très rares. Si on comparait le Senior d’il y a 10 ans avec le Staff d'aujourd'hui on serait plutôt sur +70%
- je ne prends “que” le salaire de base et le bonus pour la comparaison sur les Big Tech. Or, les stocks sur les 10 dernières années ont fait une grosse différence.
Analyse
Dans tout les cas, une évolution de 30%, c’est loin d’être mauvais. Qu’est-ce qui peut expliquer un tel bond des revenus en 10 ans ?
- A priori ce n’est pas l’inflation qui était historiquement basse sur les 10 dernières années.
On notera à l’inverse que l’augmentation de l’inflation entraîne plutôt un ralentissement de l’économie et une baisse des salaires depuis 2021. Ce n’est pas parce qu’il y a de l’inflation que les salaires augmentent. Si les entreprises sont en difficulté, elles ne peuvent pas forcément faire croître leur masse salariale.
TIP
levels.fyi a sorti une étude comparative sur 2021, fin 2022 et note une très nette baisse des rémunérations (> 8%)
- Par contre, on peut voir une très nette hausse des capitalisations boursières sur 2012/2021 en observant l’indice S&P 500. Mais cette hausse est nettement en dessous de celle du NASDAQ qui regroupe l’ensemble des valeurs de la tech.
Autrement dit, la tech a boosté l’économie US très nettement sur ces 10 dernières années. Or le principal outil de valorisation d’une entreprise tech, c’est son engineering. A l’inverse d’une entreprise “traditionnelle” où on va valoriser ses actifs (entrepôts, brevets, stocks etc…), pour une entreprise tech, on valorise ses assets technologiques, représenté grossièrement par le nombre de personnes qui travaillent sur le produit.
Par contre, attention, depuis 2021 la méthode de valorisation des entreprises tech est en train de changer. Le rattrapage est assez sévère et il n’est pas terminé. C’est encore un peu tôt pour se fier à l’allure de la courbe. L’inflation est forte, les taux directeurs ont très nettement été relevés ce qui pénalise l’investissement et redirige les capitaux vers des supports moins risqués.
En tout cas, si la tech a explosé entre 2012 et 2021, cela a créé une très grande tension sur les salaires. La région de la baie de San Francisco, c’est 7.7M d’habitants. C’est moins peuplé que Paris.
Sur les 10 dernières années, vous avez des boites comme Facebook qui ont très largement augmenté leurs effectifs (+1630% !!!). Alphabet c’est +268%, Apple +115%
Dans une région de cette taille, quand vous avez des groupes qui embauchent autant (même si toutes ces embauches ne sont pas qu'en Californie), toutes les entreprises se doivent de suivre pour être compétitives et survivre.
Les compensations en France entre 2012 et 2023
2012
Pour la France j’avais pas mal de sources en 2012 dont une qui était plutôt intéressantes : la CNISF avec une grande enquête annuelle sur les salaires. Nous allons nous intéresser à Paris uniquement.
Ces chiffres nous donnaient :
En 2012 on parlait peu de Big Tech en France. On commençait à avoir une installation timide de quelques-uns, mais c’était anecdotique. Les Startups et Scale Ups en 2012 sont en très petits nombres et non significatives pour peser sur le marché des salaires, même si Criteo est à ce moment-là très attractif.
Ici, je parle uniquement de salaires. Si on incluait les actions et benefits on aurait malgré tout des entreprises traditionnelles plus attractives. Des entreprises comme EDF, ERDF, Air France, Société Générale etc… proposent des avantages non négligeables. Sans trop m’avancer, avec des mécanismes d’abondement, des benefits comme des prix avantageux sur l’électricité, le transport ou des RTT plus importants qu’ailleurs, on peut estimer un revenu total pour un senior plutôt vers les 70/80. Ce calcul étant très subjectif, je ne l’inclurais cependant pas dans le tableau.
2023
En 2023 les sources sont plus importantes, je vais notamment m’appuyer sur :
- levels.fyi qui couvre aussi Paris
- talent.io & Figures.hr
- welovedevs
indeed. Je vais écarter indeed sur lequel je n’ai pas réussi à trouver par années d’expériences.- le CNISF
- Urban Linker
Ce qui nous donne
On note que s’il y a désaccord, on peut regrouper :
- welovedevs, le CNISF et Urban linker
- talent.io/Figures et levels.fyi
Les 3 premiers sont sans doute très généralistes et reflètent le marché dans son ensemble.
Les 3 suivants ont une teinte plus “boîte tech”, notamment startup/scaleup.
On va donc faire un tableau simplifié, comme pour les US:
(*) Pour les Big Tech, je n’ai pas de source fiable. Je me suis basé sur des personnes que je connais, plus les rares infos disponibles sur le site levels.fyi mais, qui par leur faible nombre, sont à prendre avec beaucoup de pincettes.
Ces différentes frontières : marché général, boîtes tech françaises et Big Tech ne sont pas vraiment une surprise. J’abordais déjà dans un précédent billet le fait qu’il existe 4 marchés d’emplois en France avec des tranches de revenus différentes. Ce mécanisme est également décrit sur le site de Pragmatic engineer qui parle de la trimodalité du secteur.
Warning
A ce stade, certains vont me dire qu’ils connaissent des personnes au-dessus de 78 en France. Et c’est totalement exact. Mais on parle de médiane. Et même dans la tech française, il y a une différence importante entre une boite du SBF 120, une boite du next 40 et les autres. De plus, comme je le disais en intro, j’exclus au-dessus de Staff. Donc oui, en France on peut avoir des salaires au-dessus des 100k sans être dans une Big Tech. C’est le principe d’une médiane, il y a des gens au-dessus, exactement la moitié il paraît.
Evolution sur 10 ans
Si on prend les données ci-dessus et qu’on compare avec ce que nous avions en 2012, voici l’augmentation des salaires en France.
Ce qui donne en pourcentage :
(*) J’ai pris la même base de départ pour les deux lignes, car les boites tech étaient plus rares en 2012.
Pour l’ensemble des entreprises
Sur l’ensemble du marché, l’évolution est quasi inexistante. On peut avoir l’impression d’avoir progressé pour le salaire d’entrée et régressé pour les seniors, c’est surtout une question de source de données. En prenant uniquement le CNISF on aurait un résultat stable.
Si on peut avoir l’impression, notamment sur 2021, que les salaires ont explosé, ça ne se reflète pas dans les chiffres. On peut y voir plusieurs raisons :
- il y a eu un effet loupe sur Paris et sur les startups/scaleups, qui sont cependant très minoritaires en volume
- en contrepartie, pour pallier une tension sur le marché, de nombreuses formations courtes ont proposé des reconversions à des profils qui, eux, sont entrés à des salaires inférieurs
Un nouveau segment plus important
Même si je disais plus haut que le segment de la tech est minoritaire, il est très visible et connaît une croissance honorable, sans avoir le dynamisme des entreprises US.
Ce segment a contribué à deux changements :
- Le plafond de verre des salaires tech a augmenté. 10 ans auparavant ce plafond se situait autour de 50/55k.
- Les chemins de carrières tech se sont développés avec l’apparition de staff engineer et principal engineer, c’est d’ailleurs ce qui a contribué à déplacer le plafond de verre mentionné plus haut.
Quant aux Big Tech, elles sont plusieurs à avoir désormais des bureaux importants en France.
Un marché moins dynamique
Comme on vient de le voir, il y a des bonnes nouvelles, mais globalement le marché reste moins dynamique. Si on regarde l’évolution du CAC 40 comparé au S&P 500 ou au NASDAQ, on comprend assez vite pourquoi.
Le CAC n’a évolué “que” de 115% versus le S&P 500 de 191% et le NASDAQ de 311%
À noter selon l’étude talent.io/Figures qu’un développeur Francais est également 20% moins bien payé qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Mais nous reparlerons de tout cela dans le prochain billet qui fera une comparaison plus complète.
Comparaison des évolutions de revenus US et FR
2012
Pour faire la comparaison des revenus et de leur évolution, on va déjà tout ramener en Euros.
Ce qui nous donne en pourcentage :
Niveau | France vs US | France vs US (Big Tech) |
---|---|---|
Junior | +84% | +212% |
Senior | +62% | +122% |
(attention, je prends la conversion Euros/Dollars de 2023)
2023
Voyons cet écart sur 2023. Je vais comparer avec les entreprises tech US puis par rapport aux Big Tech.
Ce qui nous donne en pourcentage :
Niveau | France vs US | France Tech vs US Big Tech |
---|---|---|
Junior | +143% | +134% |
Senior | +140% | +151% |
Staff | +147% | +158% |
On obtient des écarts plutôt importants et surtout une évolution sur 10 ans qui ne suit pas la même tendance. Autrement dit, l'écart de revenus entre US et France sur les Software Engineer s’est creusé.
La différence avec les boîtes tech et les big Tech est encore plus flagrante. Mais surtout, ici je ne prends pas en compte les Stocks. Les différences en incluant les stocks seraient plutôt de l’ordre de 450% d’écart.
Car s’il existe de belles histoires françaises en termes d’usages de Stocks, celles-ci restent très rares comparé aux US.
Selon levels.fyi, les rémunérations en Stocks sont très importantes, plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de dollars annuels aux USA. Les revenus de Facebook que j’ai mentionnés plus haut peuvent être doublés avec les stocks reçus. Et c’est comme cela qu’on a effectivement des revenus qui peuvent atteindre le million de dollars annuels, ce n’est évidemment pas en salaires.
Je vous invite à lire ce chapitre sur de très belles success story lié à des reventes de parts.
À l’inverse en France, même si je connais de belles histoires, je n'ai encore jamais entendu parler d’entreprises qui aient rapporté autant par an grâce aux systèmes de stocks.
TIP
Même si ce chapitre peut sembler moins positif, je connais par contre plusieurs personnes pour qui les BSPCE en France ont permis de gagner plusieurs centaines de milliers d’euros, voire devenir millionnaire. C’est moins qu’aux US, mais ça reste un système très avantageux qu’il ne faut pas négliger.
Quid des prochaines années ?
C’est une question qui me semble très difficile à répondre, car la situation économique est très incertaine.
En France, à mon sens, on va continuer à voir se creuser les écarts entre les types d’entreprises. Autrement dit, l'écart entre junior dans une entreprise non tech et senior/staff dans une entreprise Tech va encore s'accroître. Et c’est plutôt sain qu’il y ait une progression qui soit plus marquée.
Même si l’emploi dans la tech prend en ce moment un sacré coup en France, et notamment dans la tech, on devrait assister à une stabilisation par la suite. Contrairement aux idées reçues, le coût de l’emploi n’est pas excessif en France comparée aux US où à ses voisins.
C’est vrai que le marché est moins flexible et certaines entreprises US en ont fait les frais pendant les layoffs de 2023, ce qui risque de leur donner une leçon pour le futur. Mais je pense que le marché Français va rester attractif. C’est une porte d’entrée sur l’Europe, ses ingénieurs sont reconnus, son secteur tech a fortement progressé ces 10 dernières années.
La tendance 2023 ne va pas vers une expansion et un gros investissement des acteurs US.
Il y a déjà eu de la casse et ce n’est pas terminé. Cependant, à terme, comme après toutes les crises, certains acteurs vont se retrouver renforcés via la disparition de plusieurs de leurs concurrents ou leurs rachats.
De plus, l’IA arrive à grand pas pour booster le secteur de la tech.
La France devrait rester pour moi une solution intermédiaire pour des boites US en termes de coût. Nous ne sommes pas les plus attractifs, mais pas les moins non plus.
La législation aux Pays-Bas ou en Allemagne n’est pas non plus légère.
Aux US par contre, c’est une vrai énigme, les niveaux de salaires sont devenus très importants et j’ai du mal à voir comment ça peut être compatible avec un modèle financier sain. Or la tendance en investissement désormais va aller de plus en plus vers des entreprises plus saines de ce point de vue.
Donc d’un côté, on peut parier sur une grosse correction sur les salaires aux US (déjà 8% depuis un an), d’un autre côté si la tech est en crise, la technologie, elle, reste omniprésente dans l’économie et le marché devrait rester en tension. Je ne vais donc pas trop m’avancer.
Et il y a l’incertitude amenée par les IA… et là, si ça va vite, ça peut faire mal. Ce n'est pas moi qui le dit, des analystes financiers ont déjà prévu des baisses pour plusieurs entreprises, dont Fiverr, une plateforme de freelance focalisé sur de simples tâches bon marché, parce que justement, les tâches simples sont les premières à pouvoir se faire réaliser par des IA.
Ce sera tout pour ce premier billet. Dans le prochain, je creuserais un peu plus la comparaison entre revenus US et Français en prenant en compte le niveau de vie pour essayer de comparer ce qui est comparable. Parce que finalement, ça veut dire quoi de gagner 200k$ en Californie ?
Ressources
Autres sources notables, non citées dans le texte :
Le site est très riche en informations. Il confirme globalement mes sources sur les US. Je le trouve moins pertinent sur la France, car il donne une fourchette globale Européenne et clairement la France est en dessous.
Il y a un focus uniquement sur les entreprises tech et côtés en bourse, donc forcément tout n'est pas utilisable tel quel. Mais ça reste très riche.
Je n'ai pas trop creusé sur ce site. C'est uniquement déclaratif donc sujet à caution. Malgré tout on y trouve des salaires de Big Tech en France donc ça peut être intéressant.
C'est une base très généraliste, elle s'appuie sur des données officielles issues des entreprises qui ont recours à des salariés sous visa H1B.
L'avantage de cette base, c'est qu'étant très généraliste, on y voit notamment une médiane bien plus basse. On peut observer des salaires vers les 70k, ce qui permet de comprendre que les salaires de 200k sont loin d'être la norme. Ça permet de relativiser.
Remerciements à toutes les personnes de Tech.rocks qui m'ont fourni des sources complémentaires.
Remerciements à Nicolas Helleringer pour sa relecture.